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Limburg
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  • Souvenirs, souvenirs. Des années 60 à aujourd'hui, les tribulations d'une famille ouvrière, ses errances, ses espoirs soixante-huitards, ses désenchantements. Des cicatrices conservées par chacun de ses membres, des stigmates... Essai de récit littéraire.
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21 novembre 2010

Limburg

La fenêtre ouverte sur ma salle à manger. Un repas de famille comme on n’en fait jamais. A peine la famille. Ma nièce, son mari, Jan et Dieter leurs enfants, et Élodie. ma fille. Pas mes frères et sœurs. Pas mes parents décédés. L’air frais après les relents du repas trop chargé de vin, de plats mitonnés, par moi, de gâteaux venant trop tard. Même le café, trop lourd. Un assommoir de repas. L’air frais qui nettoie la nostalgie comme la fatigue du repas, qui fait revivre, qui fait oublier qu’on a essayé de faire revivre des souvenirs pendant ce fichu repas. Un bien-être de surcharge, de digestion à peine entamée. Si tout pouvait se digérer, même aussi lentement, aussi lourdement qu’après un repas de famille ! Un poids trop lourd sur l’estomac qui finira par s’alléger…

Nous n’avons pas de religion ou trop. Pas juifs, pas chrétiens, pas témoins de Jéhovah, même si Guy se dit évangéliste et même si Gérard a goûté à toutes les sectes. Maman était juive. Mon père catholique. Puis ils ont viré tous les deux témoins de Jéhovah. Ma mère s’y est accrochée parfois, sans y croire davantage qu’au judaïsme de ses ancêtres. Mon père s’y est accroché quand ma mère s’en était détachée, et puis en vieillissant, en mourrant encore davantage. Mais nous, nous ne croyons pas. Incroyants, athées par nature. Athées comme aux origines de l’humanité, avant que l’australopithèque ne devienne homo quelque chose. « Nous », je veux dire, moi, mes frères et ma sœur. Il  y avait aussi ma mère avant son décès. Pas notre père. Pas « Notre Père », c’est marrant ça ! Nous n’avons ni dieu, ni religion, ni culte, ni croyance. Nous n’attachons pas d’importance à tout ça. Même la tombe de notre mère est délaissée sans que personne ne vienne s’y recueillir. Mon culte est ma nostalgie.

Pourtant nous avons une ville sainte. Ni Jérusalem ni Rome, ni Mecque. Pas de Lhassa, pas de St Jacques. Non, notre ville sainte à nous, c’est Limbourg. Limburg an Der Lahn, Deutschland. Elle reste le lieu mythique de nos souvenirs et de nos rêves perdus.

Mais même la digestion a une fin comme les chemins de Brassens sous la pluie. Cette fin là fut un horizon à sa manière puisque je suis là à écrire.

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